L'Année d'Amour
Nature, c'est le temps de mettre ce manteau,
Aux couleurs d'ocre et d'or, sur l'épaule fragile,
Des arbres de l'été, saison de mes amours,
Qui s'envolent, hélas, comme tes verts atours,
Ces feuilles céladon qui tombent sur l'argile,
Qui dansent dans le vent ou vont au fil de l'eau.
Ton ciel au gris d'ardoise et tes mornes froidures,
Ont trouvé leur écho dans mon coeur esseulé,
Ces songes passionnés qui vous donnent des ailes
Pour mieux chuter du ciel et vous laisser briser,
Terrassés par la vie dont on n'aura plus cure.
Je vois venir l'hiver et tes gouttes de sang,
Qui recouvrent ton sol, disparaîtront bientôt
Sous un linceul glacé, fait de blanche dentelle,
Comme les souvenirs que j'ai gardé, fidèle,
Et qui s'en vont mourir, reposant au tombeau,
Froids gisants, sous le marbre érodé par le temps.
Et sous le blanc manteau de mes espoirs déçus,
Renaîtra sûrement à l'aube du printemps,
Mes rêves, mes désirs, mes envies d'absolu,
Cette force des fous, ce besoin de salut,
Libérant du carcan mon coeur et ses élans,
Et brillera le soleil sur mon amour perdu.
Comme un don, comme un fruit, il mûrira bientôt,
Sous les rayons de feu de ce nouvel été.
Et ma main saisira la tienne, la gardant,
Comme elle garde ces roses au parfum caressant.
Et dans le vent du soir, les cheveux effleurés
Tu me regarderas sourire de nouveau.